Un Hôtel Riche en Histoire
C’est à 14 ans qu’Angel Belossi et sa famille quittent l’Italie pour trouver un futur plus propice en France. A Paris, il est tout d’abord plongeur à la brasserie «Café Riche», puis serveur, maitre d’hôtel et enfin responsable de la brasserie.
Etant réputé pour avoir une grande capacité de travail, c’est à Toulouse qu’il descend pour devenir directeur du restaurant Le «Lafayette».
La famille s’agrandit, le 13 Novembre 1914, Germaine Belossi donne naissance à Pierre.
Ce n’est qu’à la fin de la guerre de 1914-1918, que les affaires recommencent à être florissantes à Toulouse. Dans les années 1920, cagnotte en main, Angel décide d’acheter son propre commerce. Le restaurant Michel au 4, boulevard de Strasbourg devient le «Restaurant Belossi».
Géré d’une main de fer, le restaurant renait et a une extension foudroyante. 250 couverts sont servis tous les midis. Le restaurant et ses services culinaires ont une renommée indiscutable; mariages, communions, fêtes s’enchainent. Pierre maintenant jeune garçon de 14 ans, aime l’atmosphère du restaurant. Lorsque ses devoirs sont faits, il aide souvent à apporter les carafes d’eau et corbeilles de pain sur les tables.
En 1930, Angel a déjà une nouvelle ambition. Dans le même quartier, à quelques pas du restaurant, au 5 rue d’Austerlitz, l’«Hôtel des Américains» est en vente. Angel devient propriétaire d’un hôtel de 18
chambres. L’entrée est à cette époque, au bout d’un couloir mal éclairé; un escalier en colimaçon conduit au palier de réception au premier étage. Un meuble dans l’arrondi du palier sert de réception (on peut encore voir aujourd’hui sur ce même palier du premier étage, les marques d’encrage du meuble dans le sol.) Angel change le nom de l’hôtel, l’«Hôtel de France» est né.
Ce n’est que 81 ans et trois générations plus tard que le changement du nom des « Américains » à « France » s’avérera ironique.
Dès l’été suivant, en Aout 1931, Angel commence des travaux d’agrandissement en ajoutant un 5éme étage à l’hôtel, et le fameux Dôme qui domine toujours les toits de Toulouse.
Angel n’a que quelques années pour voir l’essor de l’hôtel. En 1934, à l’âge de seulement 51 ans, Angel Belossi le garçon de café devenu entrepreneur visionnaire, succombe à la Typhoïde.
A 20 ans, Pierre est à présent responsable de tout. Rapidement les rumeurs d’une seconde guerre mondiale se fondent.Les Allemands réquisitionnent alors le restaurant et l’hôtel. Mais avant qu’ils aient englouti tout le vin, Pierre Belossi cache les meilleures bouteilles dans l’une des caves de l’hôtel. Et la cave est secrètement murée pendant la nuit…
C’est en 1944 que naît Claude Belossi. Fille unique elle est la coqueluche de sa grand-mère qui l’appelle affectueusement Chouchou.
La guerre finie, Pierre veut agrandir l’hôtel; par chance, un maison toulousaine mitoyenne sur la rue Victor Hugo est à vendre. Elle est rapidement surélevées de deux étages et le tout est transformé en chambres d’hôtel.
Les années passent et Pierre qui adore le golf, la pêche et voyager veut profiter de ses belles années. C’est en 1981, qu’il passe le bâton à sa fille Claude.
A 37 ans elle a une énergie redoutable et entreprend les plus gros travaux que l’hôtel n’ait jamais connu: du 1ér au 5éme étage, l’intérieur de l’hôtel est entièrement rénové. Mais lorsque l’architecte établit les plans, il remarque qu’aux sous-sols, une pièce parait « manquer ». On redécouvre alors la cave murée où les bouteilles avaient été cachées et oubliées depuis 40 ans. Les travaux sont si importants que certains clients, époustouflés à la vue des étages ouverts de part en part, demandent à la réception: « Vous faites des dortoirs? » Toutes les chambres sont redistribuées, les toilettes et douches en commun au fond des couloirs sont remplacés par des salles de bain privées dans chaque chambre. La climatisation est ajoutée, une deuxième salle de petit déjeuner donne à présent sur la rue Victor Hugo. La façade est ravalée. Aujourd’hui, l’hôtel a 62 chambres.
2011, Claude à 67 ans s’attaque à nouveau au renouvellement de l’hôtel. Les chambres sont entièrement refaites pour leur rendre un confort chaleureux. Déjà les clients déclarent « Quand j’ouvre la porte de ma chambre, j’ai l’impression de rentrer chez moi.»
PS : Vous rappelez vous de l’ironie de l’ancien nom de l’hôtel, l’« Hôtel des Américains » devenu « Hôtel de France » ? C’est à la quatrième génération, que l’arrière petite fille d’Angel Belossi, française devenue américaine poursuit aujourd’hui le rêve qu’il avait entrepris 81 ans auparavant.